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La graphorrhée du monoblogue
2 octobre 2012

Clivage, manipulation ?! Ah non, management.

Le plus dur à supporter dans un boulot déjà pénible, c'est sans hésiter l'indifférence des autres - des supérieurs hiérarchiques surtout. J'entends par là les oeillères des cadres qui permettent des plannings complètement fous, les valident et les transmettent à la DRH qui ne louche pas longtemps dessus, en se disant que tant que ça tourne, ça va. J'entends également le recrutement bâclé de personnes ne correspondant pas au profil de poste - mais dont personne ne veut ailleurs, bien souvent. Sans oublier le flou des réponses (quand il y en a) lorsqu'on met sur la table les problèmes et conflits profonds qui tiraillent toute une équipe - quand ce n'est pas carrément une fuite à toutes jambes quand se font pressentir des crises ou burn-out imminents.

Mais il feront quoi, ces gens, quand il y aura vraiment un problème ? Quand un agent - après quatre repos coupés en trois semaines et trois soir-matins (comprendre : terminer à 22h et reprendre à 6h le lendemain) en dix jours, seul avec deux collègues qui sont bien gentils mais qui ne savent tout simplement pas comment faire, avec un service en feu où les passages à l'acte s'apparentent au banal quotidien - se retrouvera légitimement au bout du rouleau et fera une bêtise, ils feront quoi ? Quand les autorités compétentes s'intéresseront au pourquoi, ils prendront leur plus bel air innocent en disant "oh, ah bon, j'avais pas vu" ? Quand bien même ils tomberaient sur des crédules, ils réussiraient à se regarder dans le miroir et à dormir sans cauchemarder, ensuite ?

Sommes-nous dirigés par des monstres, ou par des imbéciles ?

Les dominés se révoltent rarement, parait-il. Car, c'est vrai, la révolte devrait venir de nous, petits agents hospitaliers de terrain, nous seuls pouvons faire pression, protester, dire que ça n'est pas possible.
Il y a des équipes où ça marche.
Mais chez nous, c'est beaucoup trop compliqué. Je ne sais pas exactement pourquoi, j'imagine que cela tient à nos personnalités, au fait que nous sommes une équipe "jeune" qui ne se connait pas beaucoup, car les gens vont et viennent, sans cesse. Cela tient aussi au fait que nous soyons toujours sous pression, de manière quotidienne, exposés à la violence sous toutes ses formes de la part des patients. Nous avons le nez dans le guidon, constamment, et nous ne pouvons prendre aucun recul, ou bien pas autant que nécessaire, semble-t-il.

Nous avons également beaucoup trop de culpabilité, les uns par rapport aux autres. Il suffit que les cadres jouent d'un peu de clivage, gratifiant les uns en démontant les autres, tout en souplesse, jamais un mot plus haut que l'autre. Un lynchage tellement naturel qu'il est difficile d'y réagir ; par exemple, la semaine dernière lorsqu'il manquait une amplitude sur le planning, c'est d'une manière toute doucereuse que je me suis entendue dire (au milieu du chaos le plus total causé par le manque de personnel) que c'était quand même un peu de la faute de telle collègue, qui était en ce moment en stage de comparaison, s'il y avait autant de bazar. Je n'ai pas réalisé de suite, la phrase est repassée dans ma tête deux ou trois fois, en me regardant avec un air ironique. Le temps que j'ouvre la bouche sans trouver quoi répondre à cette imbécilité désarmante, la charmante personne qui l'avait proférée s'était évaporée tout en empressement "c'est pas tout mais j'ai du travail, moi" vers un bureau dont le seul élément régulièrement actif est - à ma connaissance et jusqu'à preuve du contraire - la machine Nespresso.

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