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La graphorrhée du monoblogue
10 octobre 2012

Fonction cadre (ou presque)

Mme B. est cadre. Elle est ma cadre, et celle de mes collègues. Ma supérieure hiérarchique.

Mme B. arrive souvent dans le service en petite robe moulante ou en minijupe, sans lésiner sur le décolleté ni sur les talons. Pour ceux qui ne suivent pas, je rappelle que nous sommes dans un service de crise en psychiatrie, avec ses patients délirants, psychopathes, dépressifs, maniaques, obsessionnels, psychotiques - exprimant chacun leurs souffrances d'une manière différente : cela peut passer du repli à la violence la plus extrême.

Et Mme B. de débarquer - clic-clac-clic-clac - avec ses compensées et son ricil trop noir qui lui donne ce regard si familier de biche dépressive.

Mme B. approche la deuxième moitié de la cinquantaine. Certains de mes collègues affirment qu'elle est "bien conservée", et, en sa présence, personne ne peut s'empêcher de jeter des regards furtifs aux bas de dentelle qu'on aperçoit largement sous sa micro-jupe lorsqu'elle s'assoit, ou au soutien gorge satiné dévoilé par le décolleté plongeant qu'elle arbore quasiment tous les jours.

Dans un service de crise, nous avons à soigner les patients, par des entretiens, des médiations, des ateliers thérapeutiques. Nous avons également à les protéger d'eux-mêmes et des autres, dans cette période où, souvent, ils se révèlent faibles et inadaptés dans leurs interactions : Mme D., délirante et hallucinée, se déshabillant au milieu du couloir, qu'il faut sans cesse reprendre sur ses tenues vestimentaires inadaptées, tout comme Mlle M., 17 ans, qui se balade dans l'unité avec son haut de pyjama déboutonné, sans soutien-gorge...

Et voilà que Mme B., ma chère cadre, m'aborde dans un couloir pour me parler d'une nébuleuse histoire de budget thérapeutique ou de planning inversé (ses seins compressés dans son minitop tentent alors la fuite vers le haut tandis que sa minijupe ultramoulante dessine la forme de son string), alors que je suis en train de raccompagner Mlle M. dans sa chambre pour qu'elle se change, après lui avoir fait la morale concernant le respect de son propre corps (ne pas se balader les seins à l'air...) et la nécessité qu'elle se protège (... Au milieu d'une faune de patients imprévisibles).

Impossible de rester crédible.

 

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