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La graphorrhée du monoblogue
9 novembre 2012

Nouveaux arrivés

Cela fait longtemps que je ne vous ai pas parlé de Mme B. 
Non pas que je n'ai plus rien à en dire - car ces derniers temps ont été riches en révoltes et frictions entre l'équipe infirmière et les cadres - mais le "management" tel qu'il est pratiqué a un véritable effet de sidération.

Nous avons, avec les sorties d'IFSI* de cet été, accueilli trois nouveaux diplômés (bienvenue en enfer !), dont la plupart n'avaient pas formulé le souhait de venir travailler dans l'unité où ils ont atterris (le management déconne à tous les étages, chez nous).
Cela fait plus d'un mois qu'ils ont pris leurs fonctions - enfin tout du moins ils ont essayé, et c'est vraiment courageux de leur part étant donné qu'aucune présentation de l'unité n'a été faite par les cadres et que c'est à nous qu'est revenue la tâche de les accueillir aussi sereinement, dignement et efficacement que possible, entre deux clash de patients. Cela fait donc un peu plus d'un mois, disais-je, et la plupart d'entre eux ne se débrouillent pas si mal quand on considère la difficulté de débarquer en service de crise sans aucune formation, sur un roulement normal (sans être doublé), face aux patients violents et autres (sans aucune idée de comment on gère les choses - mis à part ceux qui ont fait des stages ressemblants au cours de la formation : ici un sur trois).

Je leur tire mon chapeau, à ces "petits nouveaux", et en même temps je m'en veux de faire partie d'une équipe qui ne peut même pas se dire qu'il y a eu un accueil décent, une phase d'observation/explication pour ces trois infirmiers. Je m'en veux, je me sens coupable. Et cette culpabilité, qu'on prend chacun en pleine face en voyant ses tous jeunes collègues ramer comme des galériens, c'est aussi un élément utile aux cadres. En tout cas, chez nous, il savent très bien comment s'en servir. (Pour vous faire revenir sur un week-end où il n'y a que des nouveaux alors que c'est eux qui se sont plantés dans le planning, par exemple)

Il y a quand même une chose qui a failli m'achever (où qui a failli me motiver pour apprendre à fabriquer une bombe artisanale), c'est quand j'ai appris comment les cadres continuaient leur politique de clivage au sein de l'équipe. En effet, j'ai plusieurs collègues, de "bons éléments" au sein de l'équipe, à qui on peut "faire confiance" (j'en fais partie pour mes collègues infirmiers mais pas pour les cadres, sûrement à cause de mon cruel manque de diplomatie**), qui ont été interpellés par Mme B. (notre cadre, donc). Cette dernière leur a tout simplement exposé "un dilemme", elle avait "un choix à faire" (ce sont ces mots), et ne voulait pas se tromper : sur les trois nouveaux arrivés, un poste va se fermer, et Mme B. a tout simplement demandé conseil à une bonne partie de l'équipe pour savoir lequel elle devait virer.

On appelle ça du management. Et elle touche mille euros par mois de plus que nous pour l'exercer.

-

* Institut de Formation en Soins Infirmiers

** Mme B. m'a clairement fait comprendre que pour elle, je n'étais pas un élément "utile" dans l'équipe. Cela tient-il au fait que, le jour où elle m'a demandé si sa tenue n'était pas trop osée, je lui ai répondu que si je voyais une patiente habillée comme elle je l'enverrais immédiatement se changer ? Ou à cette fois où, quand elle m'a raconté (alors que j'étais en train de gérer plusieurs coups de fil urgents - et qu'elle est aussi censée avoir un peu de travail, de temps en temps) qu'elle s'était faite traiter de salope en allant prendre de l'essence par un sale type qui reluquait ses jambes, j'ai laissé planer un silence (que j'espérais éloquent étant donné mon manque de répartie politiquement correcte face à ce genre de monologue inadapté) avant de quitter la pièce ?

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